Les pénuries de personnel pourraient entraver la croissance du secteur de l’hôtellerie

Foodbuy a annoncé un nouveau partenariat avec l’Association des hôtels du Canada dans le but d’aider l’industrie.

Après 18 mois de dévastation, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration est en train de rebondir plus rapidement que la plupart des experts ne l’avaient prévu. Les résultats devraient retrouver, voire dépasser, les niveaux d’avant la COVID-19 dans le courant de l’année 2023.

Plusieurs facteurs ont mené à l’évolution des prévisions. Une vague de demande contenue est libérée sur le marché maintenant que les restrictions sur les voyages ont été levées et que les Canadiens ont l’intention de voyager. Si l’on ajoute à cela les deux années d’économies réalisées en restant chez soi et en évitant de voyager à l’étranger, on obtient une forte augmentation de la demande.

L’amour des Canadiens pour les voyages et les restrictions forcées qui ont été mises en place pendant la pandémie ont conduit à ce que l’on appelle le « voyage du rattrapage ».

Les gens voyagent pour rattraper le temps perdu, pour renouer avec les gens et les lieux, et c’est ce qui sauve la partie pour les secteurs du voyage, du tourisme et de l’hôtellerie. La croissance des voyages nationaux devrait se poursuivre. Les voyages d’affaires et internationaux devraient également croître
en 2023. Les compagnies aériennes prévoient également des voyages record pour cette année.

Cependant, la forte demande immédiate et inattendue de voyages a causé de sérieux dommages dans l’ensemble du réseau. Les aéroports ont eu de la difficulté à répondre aux besoins des passagers. Selon un sondage de CNN sur les retards des vols internationaux, Toronto et Montréal représentent les pires villes occupant les deux premières places, tandis que Vancouver arrive en 10e position. Les hôtels ont également du mal à répondre à la demande, mais pour une raison différente.

Avec l’assouplissement des restrictions, l’industrie aurait pu revenir à son niveau prépandémique encore plus rapidement, le consensus estimant que les occasions de croissance manquées étaient de 15 %, voire de 25 %, si le secteur avait pu embaucher suffisamment de personnel pour répondre à ces demandes en
temps voulu.

Foodbuy a interrogé Susie Grynol, présidente et directrice générale de l’Association des hôtels du Canada (AHC), sur les défis auxquels l’industrie est confrontée.

« D’autres industries ont été en mesure de maintenir leurs activités pendant la COVID-19, même si elles ont dû réduire leurs heures de travail. D’autre part, le secteur hôtelier est essentiellement tombé en dormance. Lorsque nous avons finalement pu rouvrir, nous avons été confrontés à une forte augmentation de la demande dès le départ. Essayer de passer de la première à la cinquième vitesse dans un délai aussi rapide a été difficile sur le plan opérationnel. » La dotation en personnel est notre principal, actuellement et dans un avenir proche. Selon Mme Grynol, « Nous avons maintenant une industrie qui essaie de faire face à une augmentation massive de la demande, mais qui ne dispose pas de la main-d’oeuvre nécessaire pour répondre à cette demande. Cela demeure notre principal obstacle à la
croissance.

« Plusieurs problèmes de préparation sont en jeu. Rappelezvous, nous étions presque entièrement fermés, si bien que de nombreux employés ont dû trouver un autre travail pour nourrir leurs familles. Lorsque nous avons finalement rouvert, nous avons été le dernier secteur à réembaucher son personnel. Depuis lors, le taux de chômage a également chuté à seulement 5 % et de nombreuses personnes ont quitté les zones urbaines. »

À l’avenir, si des changements sont apportés, la reprise et la croissance du secteur seront freinées.

« Cette année, nous avons le potentiel d’avoir un été record», a déclaré Mme Grynol. « Notre défi consiste à ne pas être en mesure de répondre à cette demande incroyable. La pénurie de main-d’oeuvre du secteur touristique se situe aujourd’hui à 200 000 postes vacants. Si vous tenez compte de la demande supplémentaire prévue pour cet été, il y aura un manque d’environ 360 000 travailleurs. »

La modification des politiques d’immigration est essentielle à la survie de l’industrie.

Les politiques d’immigration aux niveaux fédéral et provincial sont des questions clés pour l’Association des hôtels du Canada et ses homologues provinciaux. Les pénuries préexistantes et le ralentissement de l’immigration dû à la pandémie ajoutent une pression importante pour les exploitants hôteliers.

Mme Grynol a mis le problème au premier plan. « Malgré les rumeurs de récession, nous savons que nous allons faire face à des niveaux de demande record, et notre équipe se concentre sur les questions de main-d’oeuvre telles que l’immigration. La récession de 2008 nous a appris que les habitudes de voyage
restent généralement stables malgré les ralentissements économiques. Les voyages constituent l’une des dernières dépenses que notre clientèle est prête à réduire, ce qui rend notre secteur anticyclique.

« Alors que le gouvernement se remet de la pandémie, nous sommes confrontés à une juxtaposition intéressante entre des conditions de marché idéales pour la croissance et l’emploi et les conditions de travail les plus difficiles que nous ayons jamais connues. Rapprocher ces deux choses est notre défi. »

Nous avons demandé à Mme Grynol si le gouvernement écoutait. « Oui, ils écoutent. Je suis en communication régulière avec les principaux ministres qui ont un impact sur le tourisme et ils comprennent que notre secteur a été touché de manière disproportionnée par la pandémie et ils veulent nous aider à nous reconstruire. Plus récemment, nous avons rencontré le ministre Fraser (Sean Fraser, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté) pour discuter de solutions d’immigration sur mesure pour notre secteur.

« Nous proposons une série de solutions à court et à moyen terme. Nous travaillons de toute urgence sur un programme visant à mettre en relation les nouveaux arrivants ukrainiens, dont beaucoup arriveront avec un permis de travail de trois ans en main, avec des emplois qui les attendent dans des hôtels.

Comme solution à plus long terme, nous demandons au gouvernement de créer une filière d’immigration permanente spécialisée pour les travailleurs du tourisme et de l’hôtellerie afin de soutenir la reprise et la croissance de l’industrie. »

Le gouvernement a apporté d’autres changements politiques importants pour lesquels l’AHC avait fait pression au cours des derniers mois, notamment l’émission de permis de travail pour les conjoints de travailleurs étrangers temporaires, l’augmentation du nombre d’heures de travail des étudiants étrangers de 20 à 40 heures, et la prolongation des permis de travail pour les nouveaux diplômés qui demandent la résidence permanente. Bien que ces mesures soient utiles, un programme adapté dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires est le moyen le plus efficace pour le secteur hôtelier d’avoir accès à suffisamment de travailleurs pour répondre à la demande cet été, et il en a besoin rapidement.

À moyen et à long terme, l’AHC fait pression pour que des ajustements soient apportés au système d’immigration afin de mieux répondre aux pénuries de compétences au Canada.

« Les fermetures liées à la COVID-19 ont entraîné un exode dans tous les postes de l’hôtellerie, des cadres aux cuisiniers, en passant par le personnel de nettoyage et les employés de soutien. Les Canadiens ne veulent tout simplement pas travailler dans des postes de première ligne et nous ne pouvons pas pourvoir ces postes par le programme d’immigration actuel, car il favorise ceux qui ont plusieurs diplômes. »

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